La balade de Clyde

On venait de recevoir un appel de Isami à la radio, ils avaient besoin de pierres à Outer Heaven.

Clyde avait fini de chasser avec Bilbon et ses comparses les quelques derniers gibiers affaiblis qui s'aventuraient encore dans la forêt à la recherche eux-aussi d'un peu de nourriture.

A l'annonce du message d'Isami, Clyde se porta volontaire pour partir livrer ces pierres. Le temps se faisait de plus en plus glacial mais Clyde avec sa fourrure épaisse craignait moins le froid que ses compagnons humains. Il prit tout de même une cape en lin pour se protéger de la neige qui tombait sans discontinuer ses derniers jours. Il attrapa quelques réserves, sa lance et bien sur les deux sacs de pierre et parti sur le chemin pour sortir de la forêt.

A l'orée du bois, il croisa le cadavre de Himiko gisant recroquevillié sur une pierre. Son teint pâle d'asiatique était maintenant d'un bleuté livide, le froid avait glacé ses chairs.

Clyde continua sa route en pensant à tous ces humains perdus dans le désert par ce temps là, ça ne devait pas être évident pour eux. A cette pensée, il pris la décision que quand il reviendrait, il enterrerait Himiko. Personne ne la connaissait vraiment mais on ne pouvait décemment pas laisser tout ces cadavres aux vautours, l'abord du camp finira peut-être à ressembler à un cimetière mais des squelettes blanchis au soleil ferront encore plus mauvaise impression au voyageur. Au moins avec une sépulture, on verra qu'ici on attache de l'importance à la vie humaine. Les idées humanistes des Dioscures finissait clairement, petit à petit, par s'immiscer dans l'esprit de Clyde, lui aussi aimerait être enterré comme un humain si il venait à mourrir.

Puis il s'arréta un instant pour contempler la plaine. Elle paraissait immense, recouverte d'un épais manteau blanc. Le vent glacial emmenait à chaque bourrasque une fine pellicule de neige pour l'accumuler un peu plus loin sur la moindre aspérité. Tant et si bien que le manteau neigeux, au lieu d'être uniforme, ressemblait à un désert blanc parsemé de multiples petites dunes de neige.

Clyde serra sa cape autour de lui et commença à avancer dans l'épaisse couche de neige. Le chemin qui avait commencé à se dessiner sur la prairie à la suite du passage des multiples voyageurs allant ou venant de Outer Heaven; avait complétement disparu sous la neige. Mais la route était simple et sans embuches, il suffisait d'aller plein sud.

Au bout de plusieurs heures dans ce blizzard, les poils du visage de Clyde commençaient à geler, ils étaient devenus blancs et dur. A chaque souffle du singe, de nouveaux petits cristaux se formaient sur sa barbe. Il s'arréta alors un moment pour se reposer. Il se recoquevilla sous sa cape, assis sur ses pattes glacées pour les réchauffer. Quelle idée d'aller livrer des pierres par ce temps là !!

Après plusieurs jours de marche pénibles et de nombreuses poses, il arriva au point de rendez-vous. Toujours au milieu de la plaine battue par le vent, les écritaux qu'avaient laissés les voyageurs étaient toujours là, témoignant chacun du passage d'hommes dans ce désert. En attendant un certain Ivan, Clyde dégagea un ancien campement, récupéra quelques planches qui trainaient pour allumer un feu et tenter de se réchauffer.

Comme Ivan n'arrivait toujours pas, Clyde commença à jouer avec la neige. Il n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'en voir, il neigeait très rarement dans son zoo à Los Angeles. La neige paraissait être composée d'eau, en tout cas elle mouillait, ça c'était sur. On pouvait même la manger, elle fondait dans la bouche et se transformait en une gorgée d'eau glacée. Mais à force, ça faisait mal au dent donc Clyde arréta. Puis il prit une grosse poignée de neige et la serra fort dans sa patte. Il pensait qu'elle fondrait aussi mais après vingt seconde, le froid lui fit lacher la boule de neige avant qu'elle n'ait réellement commencé à fondre. Il la reprit rapidement et la balanca sur un panneaux. Pouf! Elle s'éclata sur la planche en bois, recouvrant les inscriptions. Clyde trouva ça rigolo et recommença encore et encore, s'entrainant à viser plus précisement le panneau. Puis il fit des boules de plus en plus grosses. Il avait découvert qu'en les faisant rouler, la neige se collait autour et les faisait grossir. Il poussa comme ça deux grosses boules de neige autour de son campement de fortune, qu'il posa l'une sur l'autre. Celle du dessus avait à peu près la taille d'une tête, du coup il ramassa deux bouts de bois et deux cailloux qu'il placa sur la boule de neige. Après quelques essais, ça y était ça ressemblait à une tête, à celle de Bilbon même. Et Clyde fut content, il avait fait son premier bonhomme de neige.

Ivan arriva un peu plus tard, Clyde jouait avec des batons dans le feu, histoire de faire quelque chose pour se rechauffer. Ivan avait l'air méfiant mais Clyde l'acceuillit avec un grand sourire. Ivan voyant le singe à l'air débonaire lui rendit son sourire et ils commencèrent à discuter. Ivan s'excusa d'abord pour avoir fait attendre le singe, surtout dehors par ce temps là. Puis il montra un intérêt certain pour la lance de Clyde.
Clyde qui trouvait toujours un prétexte pour s'amuser lanca:

Tiens hegahde ce qu'on peut faire avec cette lance!

Clyde
se recula là où la couche de neige était bien épaisse et encore fraiche
et se pencha pour faire un petit tas de neige à ses pieds, enfin plutôt
à ses pattes arrières. Il en fit une boule bien compacte qu'il ficha au
bout de sa lance. Quand il saisit sa lance, Yvan fit un moue un peu
inquiéte et encore plus quand Clyde la leva au-dessus de son épaule
droite. Puis d'un coup sec et précis, Clyde balanca sa lance vers l'avant,
projetant à grande vitesse la boule de neige dans la direction d'Ivan.
La boule frola la tête d'Yvan et alla s'exploser sur un écriteau
derrière lui.

Hihi! T'as vu c'est higolo! Booon j'ai encohe des phogrrrès à faihe, j'aurais pas dû te louper!! Hihihi!

Ivan, après une moue de stupeur, lui fit un grand sourire. Mais comme il n'avait pas l'air d'avoir envie de s'amuser, il revint rapidement sur le sujet de l'échange. Clyde sortit les deux sacs de pierres que la neige avait commencé à cacher. Ivan satisfait lui donna en échange les deux sacs de minerai de fer. Puis les deux voisins se saluèrent et partirent chacun en direction de leur campements respectifs. C'est sûr, ils n'allaient pas passer une heure de plus à se les geler au milieu de cette plaine hostile.